Pèlerinage d’une naturopathe enceinte, direction Saint-Jacques-de-Compostelle

Je viens partager ici avec vous mon expérience, sur le chemin de Compostelle ou plutôt le “chemin de la vie” pour rendre hommage au père Ernesto rencontré dans son auberge de pèlerin sur le Camino Norte.

Tout est parti d’un rêve que nous voulions réaliser depuis longtemps avec ma chère sœur : partir à l’aventure sur ce fameux chemin. En 2021, après quelques jours de marche en autonomie dans les Pyrénées, c’est décidé : nous irons marcher pendant 2 mois l’été prochain !

Avril 2022 surprise ! Je suis enceinte ! Nouvelle inattendue que nous accueillons avec un grand bonheur mon amoureux et moi. Et mon projet de pèlerinage dans tout ça ?

Je ne mets pas longtemps à prendre une décision. Après un petit calcul, je serais au début de mon 4ème mois de grossesse en juillet. Je me dis que tout est possible avec une bonne dose de confiance, de l'écoute et du discernement alors oui je marcherais jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle ! 

Lundi 11 juillet, nous montons ma sœur et moi dans le train direction Hendaye, sac à dos de rando de 8kg pour moi et beaucoup plus pour Nadège qui porte notre survie alimentaire ( dont 1kg de Chufa-souchet, du chia, une petite  bouteille de vinaigre de cidre et d’huile d’olive, du sel … le tout bio et de qualité ), de l’homéopathie, de l’argile, une tente des duvets, un petit matelas pour moi, un tapis de yoga et un réchaud,….  tout pour assurer notre autonomie au cas où je ne puisse plus avancer, même si j’en doute ! 

Mardi 12 juillet, 6h du matin, après une nuit en tente à Irun, nos premiers pas, incroyablement heureuses de partir à l’aventure.

Les premiers jours, je l’avoue, je culpabilise un peu, peur de me mettre en danger, moi et mon bébé. Mais je réalise que ce ne sont que les peurs des autres. J’ai confiance en moi et en mon corps, et j'écoute mon cœur qui a chaque pas vibre de joie.

Les jours s’enchainent et ne se ressemblent pas, des rencontres incroyables, des paysages merveilleux sur la côte espagnol, des journées plus difficiles que d'autres sous 40° dans le pays basque mais aucune envie de renoncer, je me sens si bien. 

Je garde en mémoire cette journée de marche entre Delba et Markina, la veille tout le monde nous a prévenu que c’est une étape difficile de 28km dont 12 sans habitation et sans eau, avec des dénivelés importants même très importants. Nous partons à 7h du matin déjà sur une sacrée montée interminable mais ce n’est apparemment pas la pire … Les pas s'enchaînent, les paysages sont magnifiques et nous gravissons le plus haut sommet de la journée à 12h sans ombre. La magie de ces moments nous rappelle au bonheur simple de sentir le moindre petit filet d’air parcourir notre visage, la petite gorgée d’eau si précieuse, la grandeur de la nature ! Les derniers kilomètres sur une pente infernale font vaciller notre moral mais nous finissons par atteindre le petit village de Markina en Biscaye. Il est 18h. Nous prions pour qu’il reste une place à l’auberge du monastère, où l’on nous accueille à bras ouverts. BONHEUR et PLÉNITUDE, c’est souvent ce que j’ai ressenti à l’arrivée de certaines journées difficiles. Prendre une bonne douche, retrouver des compagnons de Compostelle, échanger, faire une sieste, manger, laver son linge, se détendre, des moments tellement simples mais tellement chargés d'étincelles de vie. Je me suis fais la réflexion que se sera surement ça “accoucher”, un chemin qui peut être difficile physiquement et moralement mais, au bout, il y aura ce sentiment d’accomplissement et une belle récompense.

En regardant en arrière, je me demande mais comment ai-je fait ? 

Et je sais qu’une partie de la réponse vient d’une chose cruciale, l’alimentation. C’est ce sujet qui me tient à cœur de développer dans cet article. En effet, j'étudie et expérimente l’alimentation naturelle depuis bientôt 6 ans et je suis aujourd’hui plus que persuadée de la fameuse phrase d'Hippocrate “que ton alimentation soit ta première médecine". Mais comment l’adapter à ma grossesse et mon itinérance ? Un double défi pour moi que j’ai aimé relever. 

L’importance de la vie. Sachant, qu’enceinte, mes besoins nutritionnels étaient plus important , je me suis constituée une base quotidienne : les graines germées et oléagineuses trempées couplées aux fruits. Ils m’ont permis d’apporter à mon corps les vitamines, oligo-éléments, minéraux et enzymes ; primordiaux pour un fonctionnement optimal ! Alors chaque jour avant de me coucher, j’avais mon petit rituel, à mille lieux de celui des autres pèlerins. Dans un récipient je mettais du chia à gonfler dans de l’eau, et dans un verre d’eau quelques graines oléagineuses à tremper ( souchet, amande, noisette, noix …) saupoudrés d’une belle énergie et avec la conviction que cela m'apporterait les ressources dont j’avais besoin. Le matin avant de partir, j’avalais une belle cuillère de spiruline, je rinçais soigneusement les graines (pas le chia) et  je grignotais quelques fruits d’été. Après quelques kilomètres de marche, arrivait l’heure de la pause petit déjeuner ! hummm ! C’est à ce moment-là que je découpais des fruits que j'incorporais aux graines de chia. Nous avions également quelques supers aliments comme des nibs de cacao cru, du lin déjà mixé ou des dates … en fonction de nos trouvailles sur le chemin. Les oléagineux trempées, je les mettais dans un sac en coton accrochées à mon sac et je les dégustais tout au long de la marche, des pépites d'énergies remplies de bons lipides, protéines, minéraux et en plus digestes ! Côté salé, nous achetions de quoi nous faire de supers salades pour le midi, à base de légumes du moment : tomates, concombres, courgettes … de bons avocats, des légumes lacto fermentés et des jeunes pousses que nous trouvions surtout au début dans les magasins bios. La première semaine je mangeais un paquet de graines germées de 100gr par jour surtout de l’alfalfa. Nous complétions avec des œufs bio et des boîtes de thon à l’huile d’olive. J’ai volontairement évité un maximum les sucres lents et féculents durant mon voyage qui ont tendance à m'alourdir et à me faire dormir. Donc pas de fameux sandwich à l'omelette que je voyais souvent dans les mains des pèlerins ! Pas trop d'aliments acides pour moi et beaucoup d’alcalins !  Bien sûr nous alourdissions nos sacs avec toutes ces denrées mais je savais que c'était essentiel à mon corps. Ne trouvant plus de graines germées déjà prêtes sur le chemin, j’ai fini par faire germer moi même mes lentilles bio. Rien de plus simple, trempées une nuit dans l’eau, puis je les laissais pousser tranquillement dans un sac en coton accroché à mon sac. Une pure satisfaction ! 

Nous marchions entre 15 et 25km par jour, bien sûr il y a des jours où je me sentais plus fatiguée mais d’autre aussi où j’avais une pêche d’enfer ! J’observais mon corps et mes ressentis et j'étais fier de constater que tout fonctionnait à merveille ! A part quelques courbatures que nous avons atténuées grâce à des séances yoga le soir et quelques ampoules que j’ai soigné rapidement grâce à de l’argile, je n’ai eu aucun souci corporel ! Côté alimentation au début c'était plutôt simple car le pays basque espagnol possède pas mal de magasins bio, nous avons donc réussi à passer les 10 premiers jours sans entrer dans un supermarché traditionnel. Oh bonheur ! Mais après, on a dû s'adapter, aller sélectionner les meilleurs ingrédients dans les supers, recherchant les plus naturels ou les produits locaux. Bien sûr, on a dû lâcher prise sur pas mal de trucs et c'était bien. Car je ne suis pas extrémiste et je ne veux pas tomber dans les clichés healthy. Je veux pouvoir profiter de la vie sans stress alimentaire, en faisant des choix conscients et du mieux que je peux sans me priver, en m’adaptant tout simplement ! Tout est équilibré et ce merveilleux voyage me l’a bien rappelé. Un autre point important, l’eau : elle est vitale et sachant que le corps de mon futur enfant aller se constituer avec l’eau que j’allais absorber, j’ai choisi ce qui me paraissait la meilleure option :  la gourde filtre Berkey qui permet de filtrer l’eau de pluie et d’enlever la majeur partie de tous les polluants. Je n’ai pas d’actions ni de partenariat avec cette marque pourtant je peux affirmer qu'après des jours à boire exclusivement cette eau il m'était impossible de boire de l’eau du robinet que je trouvais infâme. L’alimentation et l’eau ont donc joué un rôle majeur dans notre périple mais ce ne serait pas une approche holistique si je ne parlais pas des autres facteurs qui m’ont permis d’y arriver. Le premier, les relations humaines, celles avec ma sœur avant tout, elle m’a soutenu tout au long du voyage, des moments de joie, de pur bonheur, de rire ou des moments de doutes et de froids mais surtout beaucoup d’amour. Et toutes ces autres relations que nous avons pu tisser au fils de nos pas, des rencontres incroyables, des partages, des histoires et ce lien qui nous unissait tous : arriver à notre destination. Ces personnes formidables qui nous ont accueillies dans leurs auberges, nous ont guidées et nous ont offert foi et confiance. Ma situation de femme enceinte a, je pense, attiré d’autant plus de soutien et de bienveillance, je ne me suis jamais senti jugée. D’authentique relation humaine qui m’ont porté chaque jour.

Et enfin la pachamama, cette relation avec la terre, la nature, qui nous a sûrement le plus soutenu pendant ce voyage. Un délice de traverser des forêts d’eucalyptus, de longer les côtes escarpées ou de suivre le chemin à travers les champs de maïs. C’est sûrement ce qui m’a le plus énergisé, ressentir les vibrations de la nature au quotidien, vivre au rythme de nos pas, marcher pied nu de temps en temps, s’enivrer de paysage splendides, inconnus, immenses, ou plonger dans l'océan rafraîchissant. 40 jours de marche, 830 km parcouru (dont 150 en bus, je tiens à le préciser)  sur “el camino norte”, sur ce chemin qu'ont emprunté des milliers de gens depuis des siècles, chargé d’histoire et de patrimoine, de petits villages et de grandes villes. 40 jours à la découverte de ces magnifiques régions  espagnoles et de leurs cultures :  le Pays basque, la Cantabrie, l’Asturie et enfin la Galice. 

Arrivées le samedi 20 août à Compostelle, je ne peux en dire plus, je n’ai pas de mot pour décrire ce que j’ai ressenti, à part GRATITUDE, gratitude pour cette expérience que je me suis accordée, cette parenthèse, cette bulle hors du temps dans laquelle nous nous sommes plongées. Bien sûr un bonheur immense, de l’avoir fait, de l’avoir partagé avec ma sœur et ce petit être qui vit en moi et qui a commencé à donner des coups la dernière semaine ! Je pense qu'il ou elle a apprécié ce chemin car j’ai pu lui transmettre de bonnes doses d'ocytocine, d'oxygène pure et de confiance !  En espérant secrètement qu’il aura envie de suivre ce chemin sur ses propres pieds un jour !

Comme vous vous en doutez je ne peux que recommander ce chemin de la vie qui nous enseigne énormément et nous redonne confiance. Quel que soit votre condition, chaque chemin est unique, à vous de créer le vôtre en suivant, pas à pas, cette sacrée flèche jaune. L’occasion d’écouter son cœur et de libérer ses pensées.

Violaine










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Merci à 1001vie pour ce joli article